La dissertation philosophique est un acte écrit de
communication qu'il s'agit de réussir. Il faut convaincre, c'est-à-dire
faire partager par son lecteur la conclusion à laquelle on aboutit.
Cela suppose d'abord un problème philosophique clairement posé.
1. Introduire
L'introduction est le premier paragraphe du devoir qui a
pour fonction de poser le problème philosophique.
1.1. Est philosophique un problème qui n'est
jamais résolu une fois pour toutes, qui concerne tout homme parce
qu'il est en fin de compte un problème sur la condition humaine.
Mais, au fond, qu'est-ce qu'un problème?
1.2. Qu'est-ce qu'un problème ? Un problème
naît d'une affirmation contrariée. On commence toujours
par affirmer, on sait toujours déjà quelque chose. Il
y a problème quand notre existence nous révèle
que notre affirmation ne marche pas. On peut dire alors que s'impose
une affirmation contradictoire à celle qu'on avait faite sienne.
Le problème, c'est l'ouverture à la réflexion de
notre esprit parce qu'il se trouve en présence de la cohabitation
instable, impossible, de deux affirmations contradictoires.
1.3. Structure de l'introduction. Il s'agit de mettre
en scène le problème, en posant les deux termes de la
contradiction qui le motivent, à partir de thèses que
tout le monde puisse accorder. Dès lors trois moments sont au
minimum requis:
- Une remarque introductive
- Une objection
- La position du problème. (Si possible sous forme d'une phrase
interrogative.)
Il est souhaitable d'ajouter un quatrième moment
indiquant brièvement la manière dont le développement
va être abordé.
L'introduction doit être brève (elle peut
se réduire à trois phrases) ; elle ne doit en aucun cas
empiéter sur le développement de l'argumentation, encore
moins sur la conclusion.
2. Argumenter
On argumente dans la seconde partie du devoir, le développement,
qui doit construire une réponse justifiée à la question
posée.
Celui-ci se conduit comme une réflexion rationnelle.
2.1. Réflexion
Elle s'oppose à l'action. L'action vise une transformation
de la réalité pour atteindre un but hors de soi. Là
réflexion est retour sur soi pour mettre en perspective et évaluer
ses connaissances. Il s'ensuit deux conséquences :
- On ne doit jamais se contenter d'appliquer ses connaissances; on
doit toujours prendre du recul par rapport à celles-ci pour
juger de leur valeur par rapport au problème posé.
- On ne doit jamais adhérer purement et simplement à
une thèse parce qu'on juge qu'elle est la bonne réponse
au problème posé, on doit toujours la confronter à
d'autres thèses possibles.
Dès lors le développement
doit toujours être composé de plusieurs parties nettement
distinguées, chacune d'elle examinant une thèse différente
( c'est-à-dire une solution différente au problème
posé). En un mot, le plan doit être dialectique.
2.2. Rationnelle
Qualifier la réflexion de rationnelle, c'est dire
que celle-ci est transparente pour le lecteur parce que sont toujours
mises à jour les raisons de ce qu'on avance.
Cela implique qu'il y ait continuité du devoir. La
dissertation est un chemin de pensée dans lequel on doit emmener
son lecteur, et l'on doit prendre soigneusement garde que celui-ci puisse
nous suivre tout au long.
Tout particulièrement, il ne faut pas se contenter
de juxtaposer les parties du développement. Il faut montrer les
limites de la thèse qu'on a examinée afin de motiver l'examen
d'une nouvelle thèse.
2.3. Plan
Le plan du développement doit donc se conformer à
la structure suivante:
par exemple
- Thèse A, de première vue
- Objections à la thèse A
- Thèse B permettant de surmonter ces objections
- Objections à la thèse B
- Thèse C permettant de surmonter les objections précédentes.
Un tel plan comprend trois grandes parties. Il pourrait
comporter cinq paragraphes. Il va de soi que ceci n'est qu'indicatif.
Il peut n'y avoir que deux thèses envisagées, ou plus de
trois. Comme un seul paragraphe peut suffire pour présenter thèse
et objections, ou bien une même thèse peut être examinée
au long de plusieurs paragraphes.
3. Conclure
Dernier paragraphe du devoir, la conclusion apporte une
réponse claire à la question posée en introduction.
Cette réponse peut très bien être de forme non-catégorique.
Afin que la solution proposée prenne toute sa valeur, la conclusion
sera composée de trois moments:
- Un rappel récapitulatif de la démarche qui a mené
à ce point d'aboutissement.
- La formulation de la conclusion.
- Une phrase qui souligne la portée de cette solution ; par
exemple par une remarque sur les perspectives qu'elle ouvre.
PJ Dessertine
|