Tout texte qui vous
est proposé, en effet, bien qu'il soit extrait d'une œuvre
plus large, est caractérisé par une thèse unique.
Il s’agit de rendre compte de cette thèse comme prise de
position sur un problème philosophique. Ce qui implique de rendre
compte du problème philosophique en lui-même dans la mesure
où il faut essayer aussi de voir ce que ce texte apporte de nouveau
sur le problème, mais aussi en quoi sa réponse peut être
jugée insuffisante.
On peut donc considérer
l’explication de texte comme une dissertation dont la thèse
initiale est imposée : elle est apportée par le texte
à expliquer. Il s’agit donc d’une dissertation quelque
peu disproportionnée puisqu’elle doit faire porter l’essentiel
de son effort sur l’élucidation de la thèse de départ
du développement, qui est celle du texte.
B – Préparation au brouillon
1. Lecture et repérage du thème.
L’étape
de la lecture est très importante. Pour qu’elle soit profitable,
elle doit se faire dans un état d’esprit de disponibilité
:
- ne pas chercher dans le texte des occasions de montrer ce que je sais
déjà,
- mais être curieux de ce que le texte peut m’apprendre
de nouveau.
Lors d’une première
lecture, il se peut que vous ne compreniez pas très bien le texte.
Cela n’est pas étonnant pour un texte de philosophie. Il
faut le relire : la compréhension viendra progressivement.
La première
étape de cette compréhension sera de repérer le
thème du texte. Le thème est ce dont il est question dans
le texte. Il s’exprime par un nom ou un groupe nominal.
Il est indispensable
de lire plusieurs fois le texte. Dès votre seconde lecture, celle-ci
doit être active. Lisez avec un crayon à la main. Soulignez
les mots qui vous paraissent importants et les mots dont la signification
ne va pas de soi : mots obscurs, mots-clés, mots techniques,
etc.
Reformulez d’une manière qui vous paraisse
plus simple les phrases dont la signification n’apparaît
pas immédiatement.
N’hésitez pas à relier entre eux les mots qui se
réfèrent à la même réalité.
Essayez ainsi de constituer des réseaux de significations qui
traversent le texte, et repérez s’ils sont en opposition.
Entourer les connecteurs logiques: "Mais", "par
conséquent", etc. ...
Repérer les changements de modalité du raisonnement
par les différences de conjugaison des verbes.
Numéroter les lignes du texte (pour les renvois qui
seront faits dans le devoir).
Terminez ce travail
en énonçant le thème du texte. Il répond
à la question : de quoi ce texte parle-t-il ? et il s’exprime
par un nom ou un groupe nominal.
2. Explication des termes et locutions.
Faites un travail
systématique d’explication au brouillon de tous les termes
et locutions du texte qui méritent éclaircissement. Ce
sont les mots que vous avez souligné.
Certains mots doivent
retenir plus particulièrement votre attention parce qu’ils
sont de portée générale et ont une grande importance
dans le raisonnement. Essayez au moins de les situer, en un premier
temps, en les distinguant de mots de signification voisine. Réservez
la possibilité d’ajouter des considérations plus
spécifiques concernant leur valeur dans le contexte après
avoir étudié le texte plus avant.
Ces explications doivent
être clairement disposées dans votre brouillon ; elles
doivent être concises et sobres (c’est-à-dire courtes).
Tout cela pour qu’elles soient aisément utilisables lorsque
vous rédigerez.
3. Dégager les étapes de
l’argumentation.
Le texte philosophique
qui vous est proposé est toujours un discours de raison.
Il argumente pour convaincre de la justesse de sa thèse.
Il y a donc lieu de bien saisir l’enchaînement des arguments
pour comprendre correctement la thèse proposée.
Appuyez-vous sur les
connecteurs logiques mis en évidence lors de la lecture : ils
sont souvent des indices d’étapes de l’argumentation.
Il convient alors
de formuler chaque étape de l’argumentation en une proposition
(donc avec un verbe) qui montrera son rôle dans le raisonnement
de l’auteur. Il est quelquefois éclairant de mettre en
évidence des sous-parties aux grandes étapes de l’argumentation.
La formulation de
ces différentes étapes doit être sobre, précise
et claire ; elle doit essayer de faire valoir les liens logiques entre
les parties du texte.
4. Énoncer la thèse.
La thèse
est l’affirmation qu’imposent les étapes de l’argumentation.
Elle peut être très explicitement énoncée
par l’auteur – et d’ailleurs pas forcément
à la fin du texte – mais ce n’est pas toujours le
cas. Le plus souvent, il faut que vous trouviez vous-même sa formulation.
Cherchez-là comme la proposition qui permet le mieux de rendre
compte de l’ensemble du texte. Pour la reconnaître posez-vous
la question : qu’est-ce que ce texte apporte ?
Efforcez-vous d’énoncer
la thèse en une phrase concise et claire.
5. Énoncer le problème philosophique.
Vous devriez
maintenant identifier clairement le problème philosophique sur
lequel s’est prononcé l’auteur en écrivant
ce texte. En effet ce problème est toujours la question dont
la thèse est une réponse.
Ce problème
est rarement exprimé de manière explicite. Il vous revient
dès lors de l’induire à partir de la thèse
que vous avez énoncée. Vous le formulerez sous la forme
d’une phrase interrogative.
6. Envisager des éléments d’intérêt
philosophique.
Il s'agit de mettre en perspective
la thèse du texte par rapport aux problématiques philosophiques
auxquelles elle se rapporte et aux réponses qui leur ont été
données, afin d'aboutir à un jugement justifié
sur cette thèse.
Il faut se poser la question
: quelle serait l’autre réponse possible à ce problème
philosophique ? Très souvent, cette thèse opposée
est évoquée dans le texte. Car tout texte pose une thèse
en s’opposant à une autre thèse.
Une thèse opposée peut également être
recherchée avec profit du côté du sens commun car
un texte philosophique est très souvent écrit pour combattre
une opinion commune.
Il convient aussi de s’interroger
sur la filiation de cette thèse. Dans quel grand courant de pensée
s’inscrit-elle ? Sur quelle philosophie antérieure s’appuie-t-elle
? Qu’apporte-t-elle de nouveau dans cette perspective ?
Interrogeons-nous
enfin sur la fécondité éventuelle de cette thèse.
En particulier quelles sont les notions du programme – outre la
notion principalement concernée – dont la conception est
transformée par cette thèse ?
C – Structure d’une explication
de texte
Dans sa forme globale, le devoir
d’explication de texte sera structuré comme une dissertation.
I - Introduction :
Elle a pour fonction d’introduire
au problème énoncé en B-5. Elle le fera en trois
moments comme pour la dissertation. Elle se terminera par une phrase
proposant le texte (nommer l'auteur) du sujet comme apportant une solution
digne d'intérêt et méritant d’être étudiée.
II – Développement
a) Un premier paragraphe sera consacré
à la présentation générale
du texte.
Ce paragraphe est n’écessaire
pour donner un cadre et un sens à l’étude qui va
suivre. On présentera d’abord la thèse, d'après
B-4. Ensuite on montrera le profil de la démarche en déclinant
les étapes de l’argumentation telles qu’elles ont
été dégagées en B-3.
b) On fera ensuite une explication
ordonnée du texte, c’est-à-dire s’appuyant
sur l’ordre des raisons qui ont permis à l’auteur
de justifier sa thèse. Pour cela prévoyez de consacrer
un paragraphe à chaque argument important. On s’appuiera
donc sur B-2 et B-3 pour cette seconde partie du développement.
c) L’étude qui vient d’être
faite nous met en position de nous prononcer sur l’intérêt
philosophique du texte. Consacrez un premier paragraphe à
le mettre en perspective en développant la thèse opposée
que l’on aura déterminée en B-6.
Ensuite, selon la matière
que l’on a réussi à mobiliser en B-6, on consacrera
un ou deux paragraphes supplémentaires qui permettront de parvenir
à un jugement justifié sur l’intérêt
philosophique du texte.
III – Conclusion.
Elle fait d’abord une
rapide récapitulation de la démarche du développement.
Ensuite elle prononce un jugement clair – ce qui n’empêche
pas qu’il puisse être nuancé – sur la valeur
de la réponse proposée par le texte au problème
posé en introduction.
Il est bon (mais non indispensable), si vous en avez la
possibilité, de terminer par une phrase qui mette en évidence
une perspective digne d'intérêt ouverte par la thèse
du texte.
Remarques
- Eviter les redites entre II-a) et II-b).
Pour cela II-a) doit être sobre.
- Il ne faut pas s’interdire, si cela
découle de l’approfondissement d’une explication,
de mettre en évidence des éléments d'intérêt
philosophique dès l’étape II-b), ils seront alors
repris et intégrés dans une réflexion plus synthétique
dans la partie II-c).
- Prendre garde de ne pas escamoter la partie
II-c) par une explication ordonnée trop longuement développée
en II-b). C’est le travail de préparation sérieux
au brouillon qui vous permettra de maîtriser l’équilibre
du devoir.
PJ
Dessertine ©